La découverte 

Tout commence par une page de magazine, une affiche dans la rue, une image à la télévision… Pour moi, jeune fille née avant les années 2000, c’est internet qui m’a attrapée. Vers l’âge de 8 ou 9 ans, je me suis retrouvée une après-midi seule dans ma chambre avec l’ordinateur familial. Un premier site tombe rapidement sous mes yeux perplexes. Je clique et aussitôt, des pop-ups surgissent de tous les côtés, des mots en anglais, des vidéos en miniature. Des images de jeunes femmes, à peine majeures, commencent à défiler devant mes yeux. Pourquoi sont-elles si jeunes, pourquoi crient-elles si forts et que font toutes ces personnes ensemble dans le même lit ? 

Ma curiosité était piquée. À 9 ans, normalement on veut juste voir comment les adultes font l’amour. Mais rapidement, les vidéos douces et romantiques ne suffisent plus. On se lasse et on en veut davantage, plus de passion, des scènes plus rythmées, avec des hommes plus brutaux et des femmes plus maltraitées. 

La descente aux enfers

Le cercle vicieux a commencé à s’installer. Petit à petit, je suis tombée dans cette habitude quasi quotidienne de regarder ces images ou ces vidéos. Comme toutes les addictions, j’ai commencé à m’isoler. J’ai vécu la honte, la solitude, la culpabilité… J’ai souvent tristement regretté de ne pas entendre ces sujets être abordés pour nous, jeunes femmes en construction. Les mentalités commencent à évoluer mais toute mon enfance, je me souviens d’entendre “S’il y a des hommes dans la salle qui ont un problème avec la pornographie… beaucoup d’hommes luttent contre ça” Suis-je réellement la SEULE fille à avoir ce genre des difficultés ? J’aurais tant voulu crier ces mots, juste pour briser le silence. Et peut-être que toi qui me lis en ce moment, tu te reconnais dans ce que je décris ?

Pendant des années j’ai du affronter seule les conséquences de la pornographie. En regardant ces vidéos, je baignais dans la culture du viol qui était banalisée voire encouragée. J’ai vu de nombreux abus physiques, des femmes crier ou pleurer. J’ai inconsciemment intégré le modèle “sois belle et tais toi” et cela m’a amené à vivre des relations toxiques. J’ai passé des nuits avec des hommes qui ne m’attiraient pas du tout, j’ai accepté qu’on me touche, qu’on me déshabille et qu’on utilise mon corps comme un objet. Je me souviens encore de l’horreur de leurs caresses, du dégoût de leurs bouches et de mon envie de m’échapper. Je me souviens parfaitement du moment où je me suis dit “si c’est ça le sexe, alors je n’aime pas et je n’en veux pas”. 

Cette addiction m’a poussée à mutiler mon propre corps. À partir du moment où j’ai été pubère, je faisais tout pour arriver à mes fins. Douleur ou sensations agréables, peu importe tant que cela mènerait à une forme de plaisir. J’en étais au point de m’acharner parce que c’était intolérable que mon corps n’atteigne pas l’orgasme. Dans cette quête désespérée, j’allais jusqu’à dépenser de l’argent pour des objets sexuels qui me donneraient plus de sensations.

La pornographie a également polluée mes rêves pendant des années. Je me suis réveillée certains matins écœurée de mes pensées nocturnes. Il m’arrivait de rêver d’incestes, de pédophilie ou de scènes violentes. Et puis un jour, j’ai commencé à prendre peur en réalisant que même dans mon sommeil, je me touchais. Même quand mon cerveau est censé être au repos, l’addiction est plus forte. 

Une voix vers la guérison 

Malgré mon désespoir, j’ai continué à m’accrocher à Dieu et à chercher à avancer avec lui. Puis, le 20 avril 2024, la délivrance s’est opérée. J’ai assisté à une conférence chrétienne dans laquelle on a prié pour nous pour que l’on soit libérés de nos addictions. Je ne pourrais pas dire exactement ce qu’il s’est passé, ni pourquoi c’est arrivé à ce moment-là mais j’ai pardonné à mes abuseurs et en rentrant chez moi, j’ai jeté ce qui me liait à cette sexualité tordue. J’ai aussi lu le livre “Comment le porno détruit l’amour” de Thérèse Hargot, et il m’a beaucoup parlé. Petit à petit, j’ai eu la conviction profonde que c’était fini. Un voile venait de tomber de mes yeux et j’avais retrouvé mes yeux d’enfant. Un regard pur, mon esprit en paix, plus de pensées obscènes. 

Cela fait maintenant plus d’un an que j’ai retrouvé la paix, que je suis libre, et pour être honnête, je ne compte plus les jours. L’addiction n’a plus de pouvoir sur ma vie et pas une journée ne passe sans que je remercie Dieu. Cette délivrance n’est pas venue d’un livre ou d’un conseil, elle est venue de Jésus et c’est un miracle.

Ne perds pas espoir

Je te partage mon témoignage car je voudrais te dire que tu n’es pas seule et tu n’as pas à avoir honte. Si toi aussi, tu t’es déjà demandé : Mon addiction va-t-elle durer toute ma vie ? Combien de temps ça va prendre ? Est-ce possible de guérir de mes pensées obscènes ? Puis-je encore demander pardon à Dieu même si je retombe ? Alors tu es au bon endroit.

J’ai moi aussi cru que je resterais prisonnière de mon addiction toute ma vie. J’avais perdu espoir, et vivre avec cette pensée me remplissait d’angoisse. Mais je suis convaincue de plusieurs choses : Dieu ne veut pas que tu restes liée à ça toute ta vie. Sur la croix, quand Jésus a pris le péché du monde, il a tout accompli, TOUT, ta délivrance y compris. Dieu décide comment et quand il délivre — parfois c’est instantané, parfois c’est un chemin. Ses voies dépassent tout logique humaine mais sa grâce aussi. Alors rappelle-toi que comme le fils prodigue, même si tu te sens sale, ton père voit au-delà de tes haillons. Il te prépare un vêtement neuf, une nouvelle identité. Et même si tu lutte encore, tu es sa fille bien aimée. Ton identité ne change pas : tu es aimée, pardonnée, et destinée à la liberté.

Ne laisse jamais l’ennemi gagner : ne reste pas seule, continue à te relever, et fixe toujours Jésus. Il est la clé.

Si tu veux prendre contact avec moi, envoie-moi un message par ici.

 J.